Bonjour à toutes et à tous.
Tout d’abord, je voulais vous remercier pour tous les feedbacks concernant l’épisode pilote de ma série littéraire. Ça a plu à la majeure partie d’entre vous, de très bons conseils m’ont été prodigués. Votre regard extérieur sur le fond et la forme m’ont permis de me sortir le nez du guidon, et donc de pouvoir retoucher certaines choses de-ci de-là.
Sachez dans un premier temps que de légères modifications ont été apportées à l’épisode 1, mais qui ne changent rien au scénario. Juste quelques modifications de termes et de tournure de phrases ont été appliquées, afin de clarifier un peu le caractère du personnage.
Voici donc le second épisode. Rédigé en même temps que le premier, il a lui aussi subi un léger lifting d’après vos observations. Quelques nouvelles idées scénaristiques m’ont obligé à modifier quelques points importants du récit, mais pour un meilleur rendu (du moins c’est mon avis personnel).
Avant de vous attaquer à ce nouvel épisode, je vous conseille toutefois de rejeter un œil au précédent en cliquant sur le lien après le "précédemment", histoire de vous remettre en tête la trame principale et de pouvoir lire les quelques changements apportés d’après vos commentaires.
Allez, c’est parti !
Be seeing you.
Number 6
« Précédemment… : Je déteste l'allemand..."
Après encore de longues heures durant lesquelles j’ai l’impression d’être un mauvais candidat d’un jeu télévisé hyper violent, je finis par m’évanouir de douleur, de fatigue, ou de lassitude. Sûrement un peu des trois d’ailleurs.
Toute notion du temps s’étant envolée depuis que je suis ici, je ne saurais dire si je me réveille quelques heures après, ou même quelques semaines après.
Le fait est que le décor, du moins le peu que je pouvais en apercevoir jusqu’à présent, à l’air d’avoir légèrement changé. L’éclairage aussi est différent : tout aussi puissant mais plus diffus, mes yeux se sentent moins agressés. Ils s’habituent plus vite au changement de luminosité.
La salle m’a l’air plus petite, même si je n’arrive pas à distinguer la partie à laquelle je tourne le dos. Je suis toujours ligoté sur une chaise qui me parait un petit peu plus confortable.
Encore bâillonné, j’ai néanmoins l’impression que mes liens sont moins serré. Je sens toujours malgré mes attaches la présence de mon bracelet fétiche en cuir autour de mon poignet gauche. « C’est bon, Philippe, il est bien là… Ils peuvent me faire ce qu’ils veulent, mais le premier qui touche à ce bracelet sera la dernière chose qu’il touchera de sa vie… » Rassuré, j’agite mes poignets et mes chevilles de manière désordonnée, essayant de desserrer un peu plus mes entraves, mais en faisant le moins de bruit possible, des fois qu’un nouveau « présentateur » vienne me rendre une petite visite.
« — Vous êtes plutôt coriace, Philippe. »
Je me raidis sur ma chaise, arrêtant de tirer sur mes liens, qui soit dit en passant n’ont pas bougé d’un pouce malgré tous mes efforts. Cette voix grave, sortie de je ne sais où, interrompt mes gestes, mais aussi mes pensées. « Soit ce mec parle français, soit tous les gnons que j’ai encaissés jusqu’à présent m’ont miraculeusement appris l’allemand. » Je garde mon calme, essayant de ne pas faire transparaître mon air de garnement pris sur le fait.
Brutalement, deux mains puissantes font basculer ma chaise en arrière, je sens que je suis en train de reculer malgré moi. « Je suis toujours malade dans le bus lorsque je suis à l’envers… ». Le bruit de ma chaise qu’on tire sur le sol remplit toute la pièce. À intervalle régulier, je ressens une mini-secousse en même temps que ce bruit désagréable s’interrompt brièvement. « Tiens, encore du carrelage… ». À chaque cahot que nous prenons, à chaque vibration, j’ai l’impression que le siège et moi ne faisons qu’un.
Je suis aisément soulevé malgré mon poids et celui de la chaise conjugués. Je me sens pivoter, puis retomber lourdement, les quatre pieds de la chaise heurtant le sol dans un vacarme assourdissant.
Le temps d’encaisser le choc de la chute, je sens qu’on me retire mon bâillon, et pas de la manière la plus tendre du monde. J’entends le pas lourd de celui qui vient de me trimballer s’éloigner, pour disparaître derrière un claquement de porte métallique. Je décide de relever les yeux, et ai soudain l’improbable impression de me retrouver devant mon banquier. Une lumière tamisée et reposante émane d’une lampe massive à globe en verre vert mat et à pied en métal argenté plein, comme dans les films de détectives privés des années 70. Son faible éclairage me permet toutefois de distinguer un petit bureau en bois clair tout ce qu’il y a de plus classique, supportant des dossiers dans des bannettes judicieusement disposées, des stylos et crayons à même le plan de travail mais rangés par types et par tailles, un tampon et son encrier, bref l’attirail complet du parfait employé de bureau. « Ouf, pas d’agrafeuse… »
De l’autre côté, assis sur une chaise qui à l’air bien plus confortable que la mienne, se trouve un homme, la quarantaine bien tassée, d’origine maghrébine au vu des traits de son visage. Il doit être plus grand que la moyenne, fin mais pas chétif, du moins assez consistant pour remplir la veste de costard noir qu’il porte sur les épaules. Il arbore une chevelure grisonnante et en bataille qui dénote avec la rigueur qui émane de son aura. Je ne pense pas l’avoir déjà rencontré depuis que je suis maintenu captif.
D’un mouvement lent, il porte sa main à l’intérieur de sa veste et en ressort un paquet de cigarettes.
« — Cigarette ? »
Je mets quelques secondes avant de répondre.
« — … Non merci, je ne fume pas.
— Ce n’est pourtant pas ce qu’il y a écrit dans votre dossier. »
Il me fixe intensément avec ses grands yeux noirs, guettant sûrement une quelconque réaction de ma part. Je ne lui donnerai pas ce plaisir.
La faible luminosité de la pièce n’a pas l’air de le gêner, et j’ai le sentiment que non seulement il me regarde, mais aussi qu’il scrute l’intérieur de mon âme. Et ça, ça me perturbe. Il retire une cigarette de son paquet, la met à sa bouche, puis replace le paquet dans sa poche d’origine.
Il dirige ensuite sa main vers un des tiroirs du bureau, l’ouvre, et en sort une boîte d’allumettes. Il la craque d’une main ferme mais délicate, allume sa cigarette, fixe la flamme quelques secondes avant de la secouer pour finalement l’éteindre. Le bout de la cigarette vire au rouge incandescent, un masque de fumée vient recouvrir son visage.
Je déglutis. Ma trachée me fait moins mal, mais je sens encore les séquelles des interrogatoires passés. Ce mec ne me plait pas du tout… Je suis persuadé qu’il entend tout ce que je pense, qu’il perçoit tout ce que je ressens…
Son regard toujours plongé en moi, il ouvre un second tiroir pour en sortir un dossier, qu’il jette nonchalamment sur le bureau. Je peux voir des feuilles blanches, d’autres roses, ainsi que des photos en dépasser légèrement. Puis, il sort du même tiroir un paquet d’une vingtaine de copies, bien ordonnées. Il plonge une nouvelle fois sa main dans le tiroir, en ressort une agrafeuse qu’il utilise pour solidariser le coin haut gauche du tas de feuilles, afin de me le poser délicatement sur le bureau, à portée d’yeux, comme un professeur dépose un sujet d’examen à ses élèves. « Merde, l’agrafeuse… »
« — Vous feriez mieux de détourner vos yeux de cette agrafeuse et de jeter un œil aux documents que je viens de poser devant vous. »
« Je savais qu’il pouvait lire en moi comme un livre ouvert ! »
Je penche légèrement la tête en avant pour tenter de déchiffrer le contenu de la première page des documents maintenant proprement agrafés. Et c’est là que mon cœur s’est arrêté pour la première fois :
Dossier Sujet 16
Partie 6 « Étude psychologique »
Nom : BISHOP
Prénom : PHILIPPE
Période du 5 octobre 2012 au 23 avril 2013
« Comment ça, "sujet 16" ? Mais... Attends… 23 avril 2013 ? Mais putain, c’est pas possible, je suis pas enfermé ici depuis si longtemps !? »
La suite, c'est ici : S01E03 - Yippee ki yay, motherf*cker
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