6thématique n°8 : Januarêve - Jérémy Angelo

Capitaine : Ecoutez, moussaillons, je vais vous conter la légende des trésors enfouis de l'Île aux Six Monts.

Mousse : Y a qu'des gus qui ont Simon pour blase qui y crèchent ?

Capitaine : Mais non, abruti, Monts comme dans montagnes !

Mousse : Je sais pas où il est votre tagne, moi. J'sais mêm' pas c'que c'est, sacrebleu. Alors de là à savoir comment on y va...

Capitaine : Mais ma parole, vous êtes débiles ou quoi ?

Mousse : On est pas des Bill ! Enfin sauf Bill, quoi... Hein Bill ?

Bill : Aye aye !

Capitaine : Oh par les tentacules de Davy Jones, elle va être longue cette traversée...

"Le spectacle aurait pu être magnifique. Mais moi, j'étais terrifiée."

Januarêve

par Jérémy Angelo

• Relié chez Twinkle Editions

• Illustré par Laetitia Arnould

• Couverture tirée de la version reliée

• Langue : FR

• Nb. de pages : 380

"Qui mieux que les pirates peuvent croire aux légendes ? N'est-ce pas l'essence même de notre destinée de courir après des chimères ?"

Une porte ouverte sur l’océan et sur les étoiles...

Brumaire le sait, un seul destin s’offre à lui : suivre les pas de son illustre père, le capitaine Messidor, embrasser la carrière de pirate et gravir les échelons un à un pour devenir à son tour le maître des océans. Mais c’est sans compter sur les récents arrêtés pris par le royaume de Révolution, selon lesquels aucun bateau ne peut naviguer de jour. Fraîchement nommé timonier de l’Aquilon, Brumaire devra aider son équipage en hurlant aux étoiles de lui indiquer le chemin pour éviter écueils, gouffres et navires ennemis...

Sur l’île de l’hiver, la jeune Alizé est confrontée à des rêves étranges. Ils lui montrent des personnes venues d’un passé qui lui semble étranger. Ses parents lui auraient-ils menti sur ses origines ? Est-elle réellement née sur cet îlot glacé où les roses ne fleurissent jamais ? Pour connaître la vérité, Alizé pourra compter sur sa curiosité et sa témérité, et finira par découvrir nombre de secrets insoupçonnés et ensorcelants...

(Résumé éditeur)

Tout d'abord, j'ai trouvé que le rythme du roman était très bien dosé : les chapitres sont courts et dynamiques, coupent souvent à des moments judicieux, et l'alternance entre les différents narrateurs et les arcs scénaristiques qui leur sont propres vient ajouter une touche de suspense supplémentaire, nous contant ainsi les péripéties et destinées de personnages qui, on s'en doute bien, finiront par se croiser, pour le meilleur mais peut-être aussi pour le pire...?

Ensuite, on ne peut pas parler de Januarêve sans évoquer la piraterie : nous sommes ici dans un roman d'aventures, et les pirates qu'il nous fait côtoyer sont à l'image de ceux qu'on peut trouver dans les bande-dessinées ou dans les films d'animation, qui chantent sur les navires, qui racontent des histoires à dormir debout autour d'une bonne bouteille (d'un bon tonneau ?) de rhum, qui n'hésitent pas à vendre père et mère (surtout s'il ne s'agit pas des leurs) pour un bout de viande fraîche ou une petite bourse à pièces, bref une bande de vils gredins qui n'ont finalement pas si mauvais fond que ça (pour une bonne partie d'entre eux en tout cas) ; mais attention, les plus mauvais des corsaires ne se trouvent jamais bien loin, et leurs intentions sont parfois aussi troubles que l'eau teintée par le sang des traîtres sabrés et passés par-dessus bord...

Quitte à évoquer l'univers du roman, j'ai fortement apprécié le fait que les navires n'aient pas l'autorisation de prendre la mer durant la journée (fait révélé dans le synopsis, même sans en dévoiler les raisons), ce qui force la mise en place d'une autre manière de naviguer, mais qui impose aussi un rythme de vie complètement différent pour tous les habitants des terres et mers touchées par cet état de fait ; s'ajoutent à cela deux points que j'ai adoré mais que je ne peux clairement pas évoquer sans vous gâcher quoi que ce soit, donc je les résumerais comme ceci : le principe de l'île de Januarêve ainsi que la manière d'y accéder, et le moyen très particulier qu'utilisent les navires pour se déplacer (vous verrez bien, nah).

Cependant, je dois tout de même évoquer ce qui a été pour moi une ombre au tableau, et qui prend ici la forme d'un deus ex machina venant littéralement dicter la quête d'un de nos personnages principaux, ce qui, il faut bien l'avouer, m'a sur le moment fait souffler fort par le nez ; mais, lorsque l'on continue la lecture, on sent que ces révélations importantes, un peu lâchées en mode "infodump d'un PnJ important croisé durant la quête principale mais sorti de nulle part", semblent avoir une bonne raison d'avoir été divulguées de la sorte, et que cela sera probablement (et je l'espère fortement) expliqué dans le second tome (car nous avons affaire ici à une duologie) : un début de justification est tout de même amorcé dans ce tome-ci, et cela aura certainement une importance capitale par la suite, mais je pense tout de même que l'élément en question aurait pu être mieux préparé avant d'être utilisé, sans pour autant devoir tout révéler et ainsi gâcher une surprise ultérieure.

D'ailleurs, j'ai aussi trouvé que ce premier tome ressemblait beaucoup à une longue introduction, permettant de nous présenter le monde, ses spécificités, ses personnages, et même s'il se passe pas mal de choses et que tout s'accélère notamment durant le dernier tiers, j'ai eu l'impression au final que le vrai noyau dur de l'histoire allait nous être conté dans le second tome, et c'est à mon sens à la fois un mal et un bien : de fait, l'univers présenté est fourmillant, vivant, à la fois crédible et impossible, et donne clairement envie de s'y immerger encore plus, même si on y suit des personnages qui, pour le moment, sont plutôt ballotés par le flot des évènements sans réellement parvenir à en changer le cours (mais j'avoue exagérer ici quelque peu le trait).

Mais j'aimerais terminer sur une note très positive et qui reflète mon état d'esprit à la fin de cette lecture : Januarêve est avant tout une Aventure avec un grand Z, une Zaventure, qui malgré ses quelques défauts, est très généreuse envers les lecteur.ice.s qui choisissent de s'y plonger, qui fait beaucoup d'efforts pour qu'on s'y immerge et tout ça sans tomber dans la suffisance et/ou l'indigestion (ce qui n'est jamais gagné, surtout lorsque je suis le lecteur) et qui à mon sens a encore pas mal de butin stocké dans la cale qui ne demande qu'à être pleinement exploité dans le second tome ; c'est pour moi la richesse de l'univers et le fait d'avoir éprouvé un sentiment similaire à celui d'un bon film d'aventure des années 80/90 qui va clairement me pousser vers le tome deux, et vous pousser vous, bande de moussaillons, à laisser une chance à ce roman !

Si ce que vous venez de lire vous fait envie, je vous glisse ici le lien vers la campagne en financement participatif sur Ulule pour la sortie du deuxième tome, "Umbrellâme", qui vous permet si vous le souhaitez de faire un package des deux tomes en très jolie édition (campagne ouverte jusqu'au 5 mars 2025) : clique-moi dessus si tu l'oses, flibuster !

Capitaine : Nous voilà enfin arrivés sur l'île aux Six M... l'île au trésor !

Mousse : La fameuse plage de sable d'or fin...

Capitaine : Mais pas du tout...

Mousse : .. la Bande des Bill. Bill : Aye aye ?

Capitaine : MAIS BON SANG ! L'ïle aux Six Monts, j'ai dit !

Mousse : Simon, t'es là ?

Simon : Pour sûr !

Mousse : Mais dites-moi, cap'taine... votre blase, c'est pas Simon, en fait ?

Capitaine Simon : ... Fermez-la et ramez.

Be seeing you.

Number 6