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S01E01 - Je déteste l'allemand...

Dernière mise à jour : 23 oct. 2019


Alors aujourd'hui, je rédige un article un peu spécial.Je voudrais mettre en place la première partie, pour ne pas dire le premier épisode, d'un projet qui me fait envie depuis quelques temps maintenant : réaliser l'équivalent d'une série TV mais par écrit.

Après m'être un peu penché sur le sujet, j'ai écrit un texte que j'ai scindé en plusieurs "épisodes", et que je compte distiller au compte-goutte sur ce blog, entre les parutions des articles dits "plus classiques". Je ne me suis pour l'instant imposé aucune longueur de mots ou de lignes quant à ces épisodes, le découpage a été fait et sera fait selon les endroits du récit qui me paraitront les plus judicieux, afin de caser un cliffhanger sympa en fin "d'épisode", ou du moins quelque chose qui vous donnera envie de lire la suite.

Là encore, le rythme de parution de ces épisodes n'est pour l'instant pas fixé, et dépendra non seulement de ma motivation générale et de mon imagination, mais aussi de vos retours ! C'est pourquoi je compte sur vous pour vous manifester en laissant un commentaire à la fin de votre lecture. Toute critique est bonne à prendre tant qu'elle est un minimum argumentée ou expliquée, je ne vous maudirais donc pas sur 64 générations via une poupée vaudou à votre effigie en cas de commentaire négatif... "Du moins, pas ouvertement..."

En tout cas, merci d'avance d'être encore là, et maintenant, laissons la place au récit, le vrai.


Be seeing you.

Number 6


EDIT : modifications apportées au texte de l'épisode le 24/03/2013.


     Un jour j’ai entendu dans un film que lorsque l’on a un flingue dans la bouche, on ne peut prononcer que les voyelles. Je peux malheureusement confirmer que ce principe s’applique aussi avec des armes de plus gros calibre. De toute façon, avec le canon d’un fusil à pompe dans le gosier, on n’a pas trop envie de la ramener…


     L’endroit dans lequel je me trouve, je n’en connais rien. On m’a amené ici cagoulé, puis j’ai été ligoté sur cette chaise en fer avant qu’on ne retire mon masque d’infortune. La seule source de lumière suspendue juste au-dessus de ma tête ne me permet de discerner que ce qui se trouve aux alentours dans un rayon de cinq mètres environ. Un carrelage blanc, qui a maintenant viré au rouge à cause de mon sang, des personnes hostiles à ma bonne santé, et rien d’autre. Aucune issue, aucun mur, rien.


      Chaque fois que je ferme puis rouvre mes yeux, un voile flou et rougeâtre composé de sang, de sueur et de larmes filtre ma vision. Mes iris me brûlent, il faut quelques secondes à mon cerveau endolori pour faire la mise au point de l’image captée péniblement par ma rétine écorchée et fatiguée.

     Dans ma bouche, un mélange de salive, de sang et de métal laisse un goût affreusement amer chaque fois que je déglutis. À cela se rajoute une odeur de salle d’entraînement de club de boxe, qui envahit mes narines à la moindre inspiration. Ma bouche étant pour le moment obstruée, je n’ai pas le choix que d’infliger ça à mon nez, déjà incommodé par sa rencontre avec une crosse de revolver…

     Chaque tentative de mouvement me donne l’impression qu’on me transperce le corps avec une tronçonneuse… Oui… Je sais… « Aouch »…

     Je cligne des paupières, mon visage souffre. J’avale ma salive, ma gorge souffre. Je respire, mon corps entier souffre. Tous mes sens sont meurtris, diminués, à la limite de l’extinction. Là, j’ai vraiment pris une sacrée dérouillée… Je dois avoir tellement de bleus sur le corps qu’on pourrait facilement me prendre pour un Schtroumpf. Heureusement que je ne suis pas blond, le rôle de la Schtroumpfette ne m’emballe pas des masses vu le genre d’hommes qui m’encerclent.


      D’ailleurs, en parlant des gaillards qui braillent autour de moi, ils sont d’un nombre indéterminé et agissent comme s’ils étaient spectateurs d’un combat de rue. Ils parlent fort, bougent beaucoup et ont l’air très nerveux. En complète contradiction avec ces énergumènes, un homme, celui qui me maltraite et que j’oserai appeler mon tortionnaire, est quant à lui très calme. Il se déplace lentement, posément. On dirait que chacun de ses mouvements fait partie d’une chorégraphie minutieusement préparée. C’est le seul à s’adresser directement à moi.


      Ah, je crois qu’il me parle à nouveau. Il doit certainement me poser une nouvelle question. De toute façon, il ne fait que ça. Sauf que les seules réponses que j’arrive à formuler ne sortent que sous deux formes différentes : des clignements d’yeux frénétiques, et des petits sauts irréguliers de ma pomme d’Adam à chaque déglutition.

     Au vu des coups que j’ai pris après en avoir choisi une des deux, j’en déduis que ce ne sont pas les réponses qu’il attend. De toute manière, même s’il m’enlevait ce satané fusil de la bouche, je ne saurai pas quoi lui répondre. Cet enfoiré et ses collègues ne font que parler en allemand ! Sauf que je ne comprends pas un traître mot de cette foutue langue !


     Mes pensées sont interrompues brutalement au moment où je me rends compte que le silence règne autour de moi, tout le monde se tait dans la pièce. Seul mon tortionnaire, son regard plongé droit dans le mien, finit par me baragouiner quelque chose qu’une fois de plus, je ne comprends pas. À l’intonation de sa voix, je devine qu’il s’agit sûrement d’une nouvelle question. Je sens que, quelle que soit ma « réponse », je vais encore récolter une trempe que je n’ai pas méritée…


Je décide donc de cligner des yeux.


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